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Pourquoi le VSME va devenir la référence ESG naturelle des PME européennes?

Depuis quelques années, un changement discret mais profond s’opère dans le monde des petites et moyennes entreprises en France et en Europe. Alors que l’on parle de plus en plus de durabilité, d’enjeux ESG et de reporting, beaucoup de dirigeants de PME se sentent submergés par des acronymes, des attentes variées et des demandes parfois contradictoires de clients, de banques ou de partenaires commerciaux. Ils entendent parler de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Standards), de normes obligatoires pour les grandes entreprises, mais se demandent souvent : qu’est-ce que cela signifie pour moi, pour mon entreprise, pour mon quotidien ?

Dans ce monde d’incertitudes, un standard commence à émerger comme une réponse pragmatique et opérationnelle à ces questions. Ce standard s’appelle le VSME, pour Voluntary Sustainability Reporting Standard pour les PME, développé par l’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group ), le groupe consultatif européen chargé de concevoir les normes de reporting de durabilité. L’objectif du VSME est simple à l’origine : offrir un cadre volontaire de reporting durable adapté aux TPE, micro-entreprises et PME qui ne sont pas soumises à la CSRD.

Ce qui rend ce développement si important, c’est qu’il ne s’agit pas simplement d’un énième document technique. Il s’agit d’une langue commune adoptée progressivement par l’ensemble de l’écosystème économique, non seulement par les PME elles-mêmes, mais aussi par les grandes entreprises, les investisseurs, les banques et les assureurs. En d’autres termes, le VSME est en train de devenir la référence naturelle pour la durabilité des PME en Europe.

Pour comprendre pourquoi, il faut revenir à l’origine de ce standard et à l’étendue des besoins qu’il cherche à satisfaire.

À l’origine, les normes ESG européennes ont été conçues pour les grandes entreprises. Avec la CSRD, renforcée par la mise en œuvre des ESRS, plus de 50 000 entreprises à travers l’Union européenne ont été amenées à publier des informations détaillées sur leurs pratiques environnementales, sociales et de gouvernance. Cette démarche a eu un impact considérable sur la quantité d’informations disponibles autour de la durabilité, mais elle a aussi créé un effet indirect : les grandes entreprises ont commencé à demander ces mêmes informations à leurs fournisseurs, souvent des PME qui n’étaient pas légalement tenues de produire ces données.

Face à ce besoin concret, l’EFRAG a été sollicitée pour développer une norme qui rende possible un dialogue structuré entre les PME et leurs partenaires commerciaux sans imposer aux petites entreprises un niveau de complexité incompatible avec leurs ressources opérationnelles. C’est ainsi que la norme VSME a vu le jour, imaginée pour être proportionnée, compréhensible et utilisable au quotidien par les PME.

La clé du VSME réside dans ce qu’il permet aux PME de faire. Le standard propose un format structuré pour organiser les informations ESG, sans imposer de règles trop lourdes ou des obligations qui seraient hors de portée des entreprises plus petites. Cela ne signifie pas que les PME deviennent automatiquement des “reporters” au sens strict du terme. Cela signifie que lorsqu’une banque, un grand client, un investisseur ou un assureur leur demande des informations sur leur durabilité, elles peuvent répondre de manière cohérente, structurée et comparable. Cette harmonisation réduit considérablement la charge administrative de répondre à des questionnaires ESG disparates ou mal définis.

Un tournant déterminant s’est produit en juillet 2025, lorsque la Commission européenne a officiellement recommandé l’usage du VSME. Cette recommandation n’impose rien aux PME, mais elle envoie un signal fort : au niveau européen, on souhaite que les demandes d’informations ESG adressées aux PME se basent sur ce standard. Cela protège les PME contre des demandes excessives ou incohérentes de données et crée un plafond de ce qui peut être attendu dans la chaîne de valeur.

Ce principe est extrêmement important pour les dirigeants de PME françaises. Jusqu’à présent, une PME pouvait se retrouver submergée par des demandes hétérogènes provenant de différents clients, chacune utilisant son propre format, son propre vocabulaire et ses propres attentes. Avec le VSME, il devient possible de structurer ses réponses selon un cadre reconnu et accepté, ce qui réduit le coût et le temps passés à répondre à ces sollicitations. Cela signifie aussi que les informations qu’une PME partage avec un client pourront être réutilisées en interne, pour piloter des décisions stratégiques, ou partagées avec un partenaire financier sans redondance inutile.

Un autre élément qui mérite d’être mentionné au regard de cette évolution est le système des médailles VSME. Né de l’initiative du collectif SMT, ce système ne se substitue pas au standard officiel développé par l’EFRAG, mais il le rend concret et lisible pour les PME. Les médailles ; Bronze, Argent, Or, Platinum, permettent à une entreprise de visualiser et de valoriser ses progrès dans la structuration de sa démarche ESG, étape par étape.

Ce système de médailles remplit plusieurs fonctions précieuses dans le contexte actuel. Premièrement, il aide à transformer une démarche parfois perçue comme abstraite en une progression reconnaissable et valorisée. Plutôt que de voir la durabilité comme une “obligation administrative”, une PME peut se projeter dans un parcours d’amélioration continue. Deuxièmement, il crée un langage de communication simple pour les parties prenantes externes. Quand une entreprise affiche une médaille VSME, elle montre qu’elle a structuré sa démarche ESG de manière progressive et reconnue. Cela peut renforcer la confiance des clients, faciliter l’accès à des financements ou jouer un rôle positif dans des appels d’offres.

Pour les dirigeants français qui hésitent encore à s’investir dans une démarche ESG structurée, ces éléments doivent être pris en compte ensemble. La directive CSRD ne s’applique pas directement à la majorité des PME et TPE non cotées, mais l’impact de cette directive sur les grandes entreprises a entraîné un besoin réel d’informations ESG dans toute la chaîne de valeur. Le VSME répond à cette réalité en donnant aux PME un format adapté à leur taille et à leurs ressources.

En France, les entreprises sont également confrontées à des réglementations nationales comme l’exercice BEGES pour les émissions de gaz à effet de serre, obligatoire pour certaines structures selon leur taille, qui vient compléter les attentes ESG dans une perspective opérationnelle.

Ainsi, loin d’être un simple exercice volontaire, le VSME s’impose progressivement comme un outil pragmatique, adapté à la réalité des PME, qui leur permet de structurer leurs informations, de réduire le bruit des demandes externes et de créer une communication claire avec leurs partenaires économiques. C’est pourquoi, aujourd’hui, il commence à s’imposer comme la référence ESG naturelle des PME européennes, bien au-delà de son statut légal volontaire.

Pour un dirigeant de PME française, adopter le VSME ne signifie pas se plier à une nouvelle contrainte, mais plutôt s’aligner sur un langage partagé qui simplifie les relations commerciales, financières et stratégiques, tout en renforçant la crédibilité de l’entreprise dans un monde où les attentes en matière de durabilité ne cessent de croître.